V 1 à 12 : les
béatitudes
La popularité de Jésus
grandissant, des foules se mirent à le suivre. Parmi elles, se trouvaient les
disciples en devenir de Jésus. Il était du devoir de Jésus de les instruire. Les
prodiges que Jésus accomplissait témoignaient de la venue du royaume de Dieu. Mais
la philosophie de ce royaume, ses principes, n’étaient pas encore connus. C’était
l’heure pour Jésus de les révéler. Le Maître s’assit sur le flanc d’une
montagne pour enseigner. Il débuta son discours par huit promesses de bonheur
destinées à huit catégories de personnes : les béatitudes.
1ère béatitude :
cible : les pauvres en esprit
Les premiers que Jésus déclare
heureux sont les pauvres en esprit. Ils sont les humbles sans prétention. Les
pauvres en esprit sont ceux qui sont conscients de leur dénuement spirituel et
moral devant Dieu. Parce qu’ils se connaissent, ils savent qu’ils ne peuvent
rien présenter à Dieu qui puisse attirer sa faveur. Ils sont candidats à la
grâce. Leur richesse ne se trouvent pas en eux-mêmes. Ils doivent la recevoir
tout entière de la bonté de Dieu. Jésus le dit : les portes du royaume des
cieux leur sont grandes ouvertes. L’humilité, qui procède d’une juste vision de
soi par rapport à Dieu, est la condition première de l’entrée dans le royaume.
Elle est le prélude nécessaire à la foi. Que celui qui ne trouve pas accès à
l’entrée du royaume s’interroge ! Qui est-il ? Que pense-t-il de
lui ? Ne manque-t-il pas d’humilité, de réalisme à son sujet ?
2ème béatitude :
cible : les affligés
La 2ème béatitude de
Jésus exprime une antinomie. Elle désigne comme heureux ceux qui pleurent. Elle
cible ainsi les âmes qui, ici-bas, ne trouvent ni en elles-mêmes, ni autour
d’elles la paix et le bonheur auxquels elles aspirent. Les affligés de ce monde
peuvent l’être pour de nombreuses raisons : deuil, souffrance, guerre,
injustices… Quelle que soit l’affliction qui nous atteint, elle a toujours son
origine dans le péché. A cause de sa présence en nous, chacun sait qu’il a plus
de sujets de se lamenter pour ce qu’il est qu’en raison des autres. A ceux qui,
ici-bas, ne peuvent se réjouir, Jésus offre une espérance. Un royaume est
préparé où il n’y a plus ni chagrin, ni deuil, ni douleur. Une consolation leur
est offerte par la foi dans l’Evangile. Au bout de leur chemin, le Dieu de
toute consolation les accueille pour essuyer les larmes de leurs yeux : Apocalypse 21,4. Dès aujourd’hui, les affligés peuvent
relever la tête : le meilleur les attend !
3ème béatitude :
cible : les doux (ou débonnaires)
La 3ème béatitude de
Jésus exprime une vérité qui est l’exact contraire de ce qui a cours dans ce
monde. Ici-bas, chacun le sait, c’est la loi du plus fort qui prévaut. Au cours
des siècles, les conquêtes territoriales d’un pays sur un autre se sont
toujours faites par les guerres. Les vainqueurs dominent les vaincus et les
dépouillent de leurs biens. Si ceux-ci tentent de leur résister, ils les
éliminent. Tout cela, promet Jésus, ne durera qu’un temps. Car la terre
n’appartient pas aux puissants, mais à Dieu : Psaume
24,1-2. Pour que la paix y règne pour toujours, il faut que sa gérance
soit confiée à des êtres exempts de toute violence. Seule une catégorie
d’hommes possède cette qualité : les débonnaires. Leur caractère, empreint
d’une douceur alliée à une grand bonté, les qualifie pour être les dirigeants
sages et paisibles de l’humanité future. Réjouissons-nous de cette espérance !
Quand la fureur des armes de guerre s’éteindra, elle fera place à une ère de
paix sans fin. Sous le gouvernement de Dieu et de son Oint, Jésus-Christ, la
douceur sera le climat qui règnera partout et en tout lieu.
4ème béatitude :
cible : les assoiffés de justice
La 4ème béatitude de
Jésus s’adresse à tous ceux qui, exposés à l’injustice, souffrent de voir le mal
triompher outrageusement du bien. Si ce monde est un lieu où les droits des
pauvres et des faibles sont bafoués, Jésus promet un royaume dans lequel la
justice sera appliquée pour tous. Frustrés par les abus dont ils sont l’objet,
les assoiffés de justice se muent souvent ici-bas en révolutionnaires. Pour
défendre leurs droits, ils n’hésitent pas à utiliser la violence, perpétuant de
la sorte le cycle sans fin des victimes d’exactions. La justice pour tous ne
peut qu’émaner d’autorités qui soient justes envers tous. Or, c’est ici la
promesse que fait Esaïe, le prophète, au sujet du règne du Messie. « Donner
à l’empire de l’accroissement, et une paix sans fin au trône de David et à son
royaume, l’affermir et le soutenir par le droit et par la justice, dès
maintenant et à toujours : voilà ce que fera le zèle de l’Eternel des
armées : Esaïe 9,7. » Oui !
Au jour où Jésus, le Christ règnera, les habitants du monde apprendront ce
qu’est la justice. L’œuvre de la justice sera la paix, et le fruit de la
justice le repos et la sécurité pour toujours : Esaïe
26,17.
5ème béatitude :
cible : les disposés à la bonté
La 5ème béatitude de
Jésus nous rappelle que nous récoltons dans la vie ce que nous semons. Si nous sommes
réputés pour faire preuve de miséricorde et de bienveillance envers les autres,
notre prochain agira de même envers nous. Le principe que souligne Jésus ici
témoigne que l’attitude de ceux qui nous entourent à notre égard n’est pas le
fruit du hasard. Elle procède en grande partie de notre manière d’être
vis-à-vis d’eux. La bonne disposition de notre prochain comme sa confiance ne
nous sont pas acquises de manière automatique. Elles sont les réponses à un
comportement qui a fait ses preuves et a gagné son assentiment. Dieu lui-même,
dit David, calque son attitude envers les êtres en rapport avec ce qu’ils
démontrent : Psaume 18,26-27. Nous le savons
cependant : la véritable bonté n’émane pas du cœur naturel de l’homme.
Elle est un fruit de l’Esprit, de la vie de Dieu en nous : Galates 5,22. C’est parce que nous sommes l’objet
constant de la miséricorde de Dieu que nous pouvons nous montrer tels envers
les autres. Que sa bonté infinie envers nous puisse se refléter dans notre
bienveillance envers chacun !
6ème béatitude :
cible : les cœurs purs
Rien n’influence autant notre
perception spirituelle que l’état de notre cœur. Le cœur est, dans la Parole de
Dieu, le centre de la personne humaine. Il inclut, non seulement les
sentiments, mais encore la pensée et la volonté. Le cœur pur est un cœur sans
tache, sans ombre. Il est semblable à un jour d’été sans nuage. Selon Jésus,
l’aveuglement spirituel des humains n’est dû qu’à une seule chose :
l’impureté qui souille leurs cœurs. La salissure qui imprègne nos pensées et
nos désirs occulte totalement notre vision. Elle obscurcit notre entendement et
fausse notre compréhension de la réalité. Aussi, le premier et le plus grand
besoin de l’homme se trouve dans la purification de son cœur. Celle-ci n’est
possible, dit l’Ecriture, que par le sang de Jésus qui lave le croyant de ses
péchés : 1 Corinthiens 6,11. Conférée par
la grâce de Dieu, la purification du cœur nécessite un renouvellement
quotidien. Elle s’entretient par la confession du péché : 1 Jean 1,7 à 9, et la mise en pratique des préceptes
de la Parole de Dieu : Psaume 119,9. Après
qu’il eut commis l’adultère, la première prière du roi David fut de demander à
Dieu qu’il crée en lui un cœur pur : Psaume 51,12.
Que sa demande soit aussi la nôtre chaque jour !
7ème béatitude :
cible : les artisans de paix
La 7ème béatitude de
Jésus nous révèle le trait dominant des fils de Dieu. Ils sont, à l’image du Fils,
des artisans de paix. La 1ère mission de Jésus était de renverser
l’inimitié qui existait entre Dieu et l’homme pour établir la paix. Par lui,
dit Paul, nous avons la paix avec Dieu : Romains
5,1. De cette paix initiale découle la paix et la réconciliation entre
tous. Juifs et non-juifs ne sont plus séparés. Ils forment un seul peuple dans
la foi au même rédempteur. « Christ est notre paix, dit Paul, lui qui
des deux groupes n’en a fait qu’un et qui a renversé le mur qui les séparait,
la haine : Ephésiens 2,14. » A
l’image de son Maître, le disciple de Jésus est un faiseur de paix. Il n’aime
ni les conflits, ni la division. Il travaillera toujours au rapprochement des
êtres par le pardon et la réparation. Les victoires qu’il remporte dans ce domaine
peuvent être comptées, comme celle de Jésus, parmi les plus grandes. Soyons,
comme Jésus, le Prince de la paix : Esaïe 9,5,
des artisans de paix. Ce sera là notre trait de ressemblance le plus fort avec
lui !
8ème béatitude :
cible : les persécutés pour la justice
La 8ème béatitude
proclamée par Jésus est assortie de la même promesse que la 1ère. Le
royaume des cieux est aux justes qui souffrent comme aux humbles. Dans le monde
impie dans lequel ils vivent, les justes ne doivent pas s’attendre à voir leur
aspiration satisfaite. Le bien et la droiture ne seront pas toujours
récompensés comme il se doit. Au contraire, il se peut qu’ils attirent nombre
d’ennuis à ceux qui les pratiquent. Aussi, ce n’est pas dans la reconnaissance
des hommes que le juste trouve sa consolation, mais dans celle de Dieu. Le
juste peut être méprisé, vilipendé, emprisonné et même martyrisé ici-bas, à
cause de son attachement à la justice. Il peut cependant être heureux, car les
portes du royaume céleste lui seront, à cause de sa intégrité, largement
ouvertes. Que le juste ne craigne donc pas la colère des hommes. Qu’il continue
à vivre sous le regard de Dieu, dans la crainte de son nom. La couronne de
justice lui est réservée. Le Seigneur, le juste juge, la lui remettra au jour
de sa venue, ainsi qu’à tous ceux qui auront attendu avec amour sa venue :
2 Timothée 4,8.
9ème béatitude :
cible : les persécutés à cause de Jésus
La 9ème béatitude de
Jésus cible ouvertement ses disciples. Elle a pour objet de les armer face à
l’hostilité inévitable à laquelle ils devront faire face. Tout comme il en fut
pour leur Maître, les disciples de Jésus ne doivent pas espérer être bien vus
par le milieu dans lequel ils vivent. Les vertus qu’ils reflètent, leur
attachement à Dieu, à la vérité, la justice font qu’ils sont insupportables à
la conscience de beaucoup. Les disciples de Jésus sont partout comme une épine
dans le pied de Satan, le prince de ce monde. Sa haine envers eux est la même
que celle qu’il a montré envers lui. Selon Jésus, ses disciples doivent
s’attendre ici-bas à trois types de réactions violentes à leur encontre. La 1ère
est l’insulte. L’insulte vise un objectif : celui de blesser, d’offenser
ou d’outrager. Elle cherche à vexer et provoquer la colère de celui qui en est
la cible. La seconde est la persécution. Il s’agit ici de faire taire par la
pression les témoins de Jésus. La persécution s’exprime par la discrimination,
l’emprisonnement, la violence, les arrêts injustes, la pression administrative,
la traque, la torture et le martyr. Tout disciple de Jésus doit s’y préparer.
La dernière passe par la calomnie et le mensonge. Toutes sortes d’accusations
fausses ont été, de tout temps, lancées contre les chrétiens. Nous ne devons
pas nous étonner si c’est encore le cas pour nous. Dans de nombreux pays,
accueillir Jésus, c’est inviter la persécution. Face à l’inimitié dont il est
l’objet, le disciple de Jésus ne doit pas chercher à défendre ses droits. S’ils
finissent par être reconnus, tant mieux pour lui ! Sa vraie consolation,
dit Jésus, se trouve dans la grande récompense qui l’attend dans le ciel. Pour
ce qui concerne son sort ici-bas, il peut être fier de ce qui lui arrive. Le
fait qu’il souffre pour le nom de Jésus le range dans le cortège des nombreux
témoins du passé, tels les prophètes, qui ont connu le même sort. Heureux
sommes-nous si nous vivons en paix ! Mais plus encore si nous souffrons à
cause de Jésus ! La gratification qui nous attend dans le royaume vaut
pour nous plus que tous les trophées que le monde pourrait nous offrir !
V 13 à 16 :
fonction des disciples ici-bas
Quelle est la fonction des
disciples de Jésus ici-bas ? Pour l’illustrer, Jésus utilise deux
métaphores qui font référence à des réalités connues et usitées par tous dans
la vie quotidienne :
1.
Le sel
Le sel est un ingrédient
indispensable en cuisine. Son office principal est de relever la saveur des
mets sur lesquels il est versé. Le pouvoir de salaison qui émane de lui est si
puissant qu’il doit être répandu avec mesure. Il ne suffit que peu de sel pour
rehausser le goût d’un plat. Le sel n’est pas fait pour rester dans un pot. Il
ne donne la pleine mesure de sa capacité d’influence que mélangé avec les
aliments qu’il agrémente. Le sel se dissout alors. Il n’est plus visible, mais
sa trace se retrouve dans chaque bouchée de nourriture ingurgitée.
L’image du sel, utilisée par
Jésus, offre de nombreuses applications signifiantes de la mission de ses
disciples sur terre. La 1ère consiste à pénétrer le monde pour
l’influencer de l’intérieur. Les disciples de Jésus ne sont plus du monde.
Renouvelés par l’Esprit, ils sont distincts dans leur nature du reste des
hommes. Pour autant, ils ne sont pas appelés à s’isoler de la société, mais à y
vivre pour y apporter la saveur du royaume de Dieu. Comme le sel sur un plat,
les disciples de Christ ne sont pas majoritaires en nombre. L’objectif n’est
pas la concentration, mais la dispersion. Le sel doit être présent partout pour
donner au plat une saveur égale. Comme le sel, les disciples de Jésus doivent
être dissouts dans la société pour l’influencer. Ils doivent, en quelque sorte,
mourir à eux-mêmes pour que la vie qui les habite contamine les autres. « Ainsi,
la mort agit en nous, et la vie agit en vous, dira Paul : 2 Corinthiens 4,12. »
Si utile soit le sel, Jésus
prévient du sort qui lui est réservé s’il se dégénère. Le sel qui perd sa
saveur ne sert plus à rien. Il est alors jeté, piétiné, traité comme rien.
L’avertissement de Jésus est solennel. S’il veut servir au royaume de Dieu, le
disciple de Jésus se doit de veiller à la qualité de sa relation avec Dieu.
« Notre façon de vivre, nos propos, notre attitude, notre style de vie,
nos agissements, tout cela est générateur de conséquences positives ou
négatives pour notre entourage… Ou bien nous sommes des gens dont la saveur et
l’action puissante ont un impact sur notre génération, ou bien nous manquons de
force et, seule une influence négative, destructrice, se dégage de nous.[1] »
Ma vie a-t-elle toujours la saveur du royaume de Dieu ?
2.
La lumière
La seconde métaphore de Jésus
identifie la fonction de ses disciples dans le monde à la sienne, lors de sa
venue. « Je suis la lumière du monde, avait affirmé Jésus. Celui qui me
suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura au contraire la lumière de
la vie : Jean 8,12. » L’image
utilisée ici par le Maître sous-entend plusieurs réalités. La 1ère
est que l’humanité à laquelle participe les disciples est toute entière dans la
nuit. Le péché a obscurci l’entendement des êtres. Tels des aveugles, ils
errent dans le monde, égarés et égarant les autres. Le rôle premier des
disciples de Jésus est d’éclairer l’humanité, de lui donner la compréhension de
la vérité. Les êtres humains ont besoin de savoir d’où vient la situation dans
laquelle ils sont plongés. Elle procède de la rupture originelle avec Dieu. Ils
ont ensuite besoin de comprendre comment cette relation rompue peut, par
Jésus-Christ, être rétablie.
Ensemble, les disciples de Jésus
peuvent faire rayonner la lumière divine. C’est la seconde application de
l’image donnée ici par le Seigneur. La joie qui les habite, les certitudes
qu’ils possèdent ont pour objet d’attirer les pécheurs à lui. La communauté
chrétienne est une communauté réconciliée avec Dieu. Elle jouit de sa présence
et de sa communion. Elle est comme une ville éclairée située sur une montagne,
visible de loin, qui invite les pèlerins à s’approcher. Telle était la
puissance d’attraction de l’Eglise des premiers jours qui, dit Luc, avait la
faveur de tout le peuple : Actes 2,47.
La dernière application souligne
la condition indispensable au rayonnement du corps des disciples. La lumière
qui brille en lui ne doit pas être cachée. Elle doit rayonner devant les
hommes. Le disciple de Jésus qui a honte de son Maître faillit à sa mission.
Celui qui s’attribue le mérite de ce qu’il est devenu, sans témoigner de qui il
tient sa vie, le trahit. La belle et nouvelle manière d’être et d’agir des
disciples dans la société n’est pas le fruit de leurs efforts. Elle procède de
la vie nouvelle reçue par Christ d’en-haut. Elle est une lumière dans le monde
qui apporte la vie, indique la voie à suivre et témoigne de ce qui est vrai,
juste et bon. Béni soit le jour où des nations marcheront à sa lumière, et des
rois à la clarté de ses rayons : Esaïe 60,3.
V 17 à 47 :
Christ et la loi
But de la révélation, Jésus n’est
pas déconnecté, mais relié à tout ce qui l’a précédé. Le temps de sa venue ne
surgit pas au hasard. Il est la réalisation de l’attente messianique qui a
traversé les siècles et façonné l’histoire d’Israël. Avant Jésus, Dieu a parlé
à plusieurs reprises et de plusieurs manières aux pères de la nation
élue : Hébreux 1,1. Il a choisi Abraham,
donné sa loi à Moïse et préparé le peuple à la venue de son Sauveur par les
prophètes. Jésus présent, la question se pose : quelle valeur ont les
ordonnances énoncées dans le passé ? La venue de Jésus les rend-t-elles
caduques ? La foule juive qui se tient devant lui a besoin de réponses.
Car d’elles dépend désormais l’identité spirituelle du peuple de Dieu.
a.
la loi subsiste : v
17 à 20
A propos de la loi, Jésus
prévient ses auditeurs d’une idée fausse liée à sa présence. Sa venue n’abolit
pas et ne rend pas caduque la loi. Donnée par Dieu, la loi reste la norme
morale par laquelle il évalue le comportement des hommes. Ses exigences ne sont
en rien amoindries. Jésus n’est pas venu pour supprimer la loi, mais
l’accomplir. Jusqu’à Jésus, aucun homme n’a été en mesure d’obéir parfaitement
aux ordonnances de la loi. Tous ont péché et ont transgressé ses commandements.
En Jésus, la loi est pleinement satisfaite. Dieu est aimé par Jésus de tout son
cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toute sa force, et son
prochain plus que lui-même. La justice et l’obéissance de Jésus seront sans
faille, condition nécessaire à sa mission salvatrice.
Si la mission des disciples
consiste à proclamer l’Evangile, l’enseignement de la loi ne doit pas pour
autant être mis de côté. Aussi longtemps que le monde durera, la loi reste,
jusque dans ses moindres mots, en vigueur. La loi n’est pas faite pour le
juste, dit Paul, mais pour les méchants et les rebelles, les impies et les
pécheurs : 1 Timothée 1,19. Elle demeure
ainsi le meilleur outil par lequel l’homme prend conscience de sa condamnation
devant Dieu. La loi, ajoute Paul, est comme un précepteur qui nous conduit vers
le Christ : Galates 3,24-25. Accusé et
accablé par la loi, le pécheur se met en quête d’une justice qui ne dépend pas
de lui. Il la trouve en Christ qui, par sa mort, souffre pour lui et le libère
de la sanction que réclame la loi.
Justifiés par le sang versé par
Jésus, les disciples n’ont plus à craindre les terreurs de la loi. La loi peut
désormais leur servir de guide vers une vie sainte. Elle n’est plus là pour les
condamner, mais pour les éclairer et les accompagner dans leur marche avec leur
Maître. « Combien j’aime ta loi, disait déjà David, inspiré, elle est
tout le jour l’objet de ma méditation : Psaume
119,97. » Au fil du temps et selon les pays, les normes qui définissent
ce qui est bien et mal varient. Il n’en est rien pour les disciples de Jésus.
Constamment, ils doivent s’appliquer à faire connaître à leurs frères les
exigences de Dieu pour une vie sainte. L’obéissance à laquelle ils sont appelés
ne s’arrête pas à la forme, comme celle dont font preuve trop souvent les
religieux de l’époque de Jésus. Elle lui est supérieure, parce que motivée à
l’intérieur par l’amour, seul air qui est respirée dans le royaume des cieux. « Que
les préceptes de ta loi fassent mes délices, ô Dieu, pour que ma vie avec toi
soit un parfum qui te soit agréable ! »
b.
la loi et l’esprit de la loi
1er exemple : le
5ème commandement : v 21 à 26
L’énoncé du 5ème
commandement de la loi se limite à proscrire le meurtre. Quiconque devient
meurtrier est passible du jugement. L’acte de tuer une personne ne se produit
pas cependant d’un coup. Il est précédé de sentiments nourris de rancœur et de
colère qui y aboutissent. Or, le but de la loi, dont fait partie le 5ème
commandement, n’est pas seulement que les membres du peuple de Dieu ne
commettent pas de meurtre, mais qu’ils aiment leur prochain comme eux-mêmes.
Pour que la loi soit satisfaite, il faut que tout ce qui, dans le cœur du
croyant, engendre la haine qui conduit au meurtre soit condamné au même titre
que l’acte. C’est alors seulement que la loi est accomplie.
Jésus étend donc la portée du
commandement de la loi à tout ce qui, en amont, mène au mal qu’il condamne. Le
croyant ne doit jamais se satisfaire de ne pas être un meurtrier. Il doit
saisir que la colère injustifiée qu’il ressent à l’égard de son frère est de la
même nature que le meurtre. Elle en est la source et, aux yeux de Dieu, elle
est passible de la même sanction. Le crime contre son frère nécessite l’emploi
d’une arme tranchante. Jésus considère que les insultes, les paroles haineuses
et blessantes sont à ranger dans la même catégorie que celle-ci. Sans verser le
sang, la langue possède un pouvoir mortel au même titre qu’une épée ou un
poignard : cf Proverbes 18,21. Les mots
injurieux méritent à celui qui les utilise contre son frère le feu de l’enfer.
Que faire donc lorsqu’une
animosité grandissante s’installe dans le cœur contre un frère ? Il faut
en faire une priorité et la régler. La réconciliation, l’apaisement des
relations tendues entre frères doit prendre le pas sur tout autre exercice de
piété. Il ne sert à rien, dit Jésus, de vouloir apporter à Dieu une offrande
si, dans notre cœur, nous avons du ressentiment contre un frère. Mieux vaut
laisser là notre obole et nous réconcilier avec lui. La démarche sera reçue par
Dieu comme un parfum de meilleure odeur que notre don. Tant que l’heure du
jugement de Dieu n’est pas venue, nous devons tout faire pour payer nos dettes
envers nos frères. Là où nous avons manqué, nous devons reconnaître notre faute
et, si c’est possible, la réparer. Car la dette que nous avons envers les
autres est aussi une dette que nous avons à l’égard de Dieu qui nous en
demandera compte.
2ème exemple : le
6ème commandement : v 27 à 32
La même logique que celle qui
vient d’être énoncée s’applique au 6ème commandement de la loi. L’objet
essentiel de la loi est de sanctionner des actes qui sont contraires à l’amour.
Dans le cadre du mariage, tout mari, toute épouse qui commet une infidélité
envers son conjoint, tombe sous le coup du jugement de la loi. L’acte sexuel
coupable ne se produit pas inopinément. Il est lui aussi l’aboutissement d’un
processus qui inclut des regards, des gestes tactiles qui indiquent une
intention. « Chacun, dit Jacques, est tenté quand il est attiré et
entraîné par ses propres désirs. Puis le désir, lorsqu’il est encouragé, donné
naissance au péché : Jacques 1,15. »
Si donc le disciple de Jésus ne veut pas tomber dans l’adultère, il lui faut
combattre le mal à la racine. Il lui faut considérer que celui-ci ne se commet
pas seulement dans un lit, mais encore dans ses yeux et ses pensées, au moment
même où il convoite dans son cœur une autre femme que la sienne.
Quelle mesure prendre pour
traiter le problème ? Jésus n’y va pas par 4 chemins. Il faut être radical
et intraitable avec soi. L’œil et la main sont les deux organes impliqués dans
le péché de l’adultère. C’est à leur niveau qu’il faut agir pour enrayer la
mécanique qui conduit à la chute. S’il n’est pas possible de les subjuguer,
Jésus préconise leur amputation. Mieux vaut, dit-il, subir la perte d’un membre
du corps que de voir celui-ci jeté tout entier dans le feu de la géhenne. La
parole de Jésus est, bien sûr, métaphorique. Elle suggère l’idée que nous ne
devons avoir aucune complaisance envers ce qui nourrit le désir mauvais. Il se
peut que, pour certains, nous soyons taxés d’extrémistes dans les mesures auto
disciplinaires que nous nous imposons. Peu importe ! Nous savons pourquoi
nous le faisons. Nous ne connaissons que trop bien la facilité avec laquelle
nous cédons à la tentation. Nous refusons donc tout ce qui nourrit et ouvre la
porte à la perversité de notre imagination. Nous visons à être comme Job qui
avait fait un pacte aves ses yeux pour ne pas arrêter ses regards sur une
vierge : Job 31,1. Seul, nous ne le
pouvons ! Mais c’est vers cette perfection que Jésus veut nous
conduire ! Collaborons-nous avec lui ?
L’application du 6ème
commandement de la loi, qui condamne toute infidélité entre conjoints, oblige
Jésus à aborder un sujet devenu un fait de société à son époque : le
divorce. Le divorce est la rupture du contrat de mariage qui liait les époux
entre eux jusqu’à ce que la mort les sépare. La loi de Moïse l’autorisait pour
une seule raison : le cas où, après s’être marié, le mari découvrait chez
sa femme quelque chose de honteux qu’elle lui aurait caché : Deutéronome 24,1. Le texte mosaïque ne précise pas ce
que l’expression entend. Ce silence biblique a pu donner lieu à bien des
interprétations et des excès. Aussi, Jésus tient-il à préciser les choses. Dans
le cadre de la loi d’amour de Dieu, le divorce n’est permis que pour cause
d’infidélité. Lorsqu’un des conjoints trompe l’autre, il rompt dans les faits
l’engagement qu’il a pris devant tous envers son vis-à-vis. Celui-ci n’est, dès
lors, plus tenu, de respecter le sien. Le divorce peut être prononcé et le
mariage dissous. Mais en-dehors de ce cas, toute séparation illégitime expose
le conjoint renvoyé à l’adultère. Et, dit Jésus, toute personne qui épouse une
femme divorcée sur cette base commet un adultère. L’objectif de Jésus n’est pas
ici de condamner. Il est de donner à ses disciples la haute idée qu’il se fait
de l’application de la loi d’amour de Dieu. Le disciple de Jésus n’est pas
appelé à se conformer à ce qui se pratique autour de lui. Il est de viser à
refléter le parfait dans sa relation avec Dieu et les autres, son conjoint en
premier. Que, dans nos cœurs, nous soyons animés de la même motivation !
3ème exemple : la
question des serments : v 33 à 37
Le 3ème exemple pris
par Jésus se rapporte à plusieurs passages de la Torah. Il est d’abord lié au 3ème
commandement de la loi qui stipule que quiconque utilise le nom de Dieu à la
légère ne restera pas impuni : Exode 20,7.
Le nom de Dieu représente toute sa personne. Aussi ne doit-il être mêlé aux
affaires des hommes qu’avec intelligence et extrême prudence. La parole citée
par Jésus englobe également l’idée selon laquelle tout serment prononcé doit
l’être en vérité. Jurer faussement par le nom de l’Eternel équivaut à le déshonorer :
Lévitique 19,12. Enfin, elle rappelle qu’un
serment est un engagement qui lie celui qui le proclame : Nombres 30,3. Qui n’accomplit pas ce qu’il promet
devant Dieu commet un péché par omission. Il lui sera demandé compte par Dieu
lui-même de son défaut d’intégrité : Deutéronome
23,22.
Le but de la loi est de légiférer
sur les actes et les paroles des hommes. Elle est donnée par Dieu comme une
nécessité due à l’entrée du péché dans le monde. Or, le but premier de la venue
de Jésus est de résoudre la question de ce mal qui a obligé le don de ce cadre
qui réglemente la vie sociale des êtres par Dieu. Dans la société idéale que
vise Jésus, la parole du citoyen du royaume de Dieu n’a nul besoin d’être
appuyée par un serment. Car elle est toujours l’expression de la vérité. Son
oui est oui, et son non est non. Il n’y a rien à y ajouter, car sa fiabilité
est certaine.
Le disciple de Jésus, habité par
l’Esprit de vérité, n’a nul besoin de suivre les coutumes des hommes faux qui
l’entourent. Ils aiment prendre à témoin de leur engagement des réalités qui
les dépassent pour attester de leur bonne foi, sans saisir la portée de ce à
quoi ils se lient. Le ciel qu’ils invoquent, rappelle Jésus, est le trône de
Dieu. Seraient-ils capables de tenir les mêmes propos s’ils se trouvaient face
à lui ? La terre par laquelle ils jurent est son marchepied. Ont-ils notion
de la puissance de celui qui l’utilise pour rehausser sa gloire ? Ils en
appellent encore à Jérusalem. C’est oublier le grand roi à qui la ville
appartient ! Les plus modestes mettent en jeu leur propre tête, comme
s’ils avaient un quelconque pouvoir sur elle. Toutes ses pratiques, dit Jésus,
respirent le mensonge du Malin. Elles ont l’apparence de la sincérité, mais ne
sont que des subterfuges employés pour tromper. Le disciple de Jésus doit s’en
dissocier, car ce qu’il dit, toujours, exprime la réalité telle qu’elle se
trouve. Que non seulement l’amour, mais encore la vérité, témoigne que nous
sommes à Christ !
4ème exemple : la
rétribution du mal : v 38 à 42
Le 4ème exemple pris
par Jésus concerne la sentence la plus connue de la loi. Elle ordonne que soit
appliqué aux auteurs d’une blessure le même dommage qu’ils ont infligé à leurs
victimes. Si celles-ci ont perdu un œil ou une dent, un œil ou une dent doit
leur être ôté. Les textes de la loi spécifient dans quel cas cet arrêt
s’exécute. Le 1er cas concerne une femme enceinte, heurtée
malencontreusement lors d’une dispute entre deux hommes. Le choc provoque son
accouchement et donne suite à un préjudice physique pour l’enfant. Les
responsables du mal occasionné tombe sous le coup de cet article de la
loi : Exode 21,22 à 24. La même sanction
s’applique au cas de deux autres méfaits : celui d’un homme qui blesse son
prochain : Lévitique 24,19, et celui d’un
faux témoin qui voulait faire du tort à autrui : Deutéronome
19,16 à 21. Outre le fait qu’elle statue sur la juste rétribution que
doit recevoir celui qui cause par violence un tort physique à son prochain,
l’ordonnance a aussi pour objet d’être dissuasive. Tout israélite qui entend la
loi sait à quoi il doit s’attendre s’il l’enfreint. La compréhension qu’a Jésus
de la loi dépasse cependant la prévention du mal et l’énoncé des peines qui y
sont attenant. En toutes choses, il vise, dans le cadre du royaume de Dieu,
l’excellence. Le mal ne doit pas être seulement sanctionné, mais vaincu. Jésus
indique à ses disciples la voie à suivre pour se faire.
Le mal pour exister et se
perpétuer a besoin d’une justification. Qui répond au mal par le mal ne fait
que nourrir le mal. La meilleure façon de vaincre le mal est de lui apporter
une réponse qui sorte de sa catégorie. Jésus préconise donc à ses disciples de
répondre au mal par le bien. Au lieu de résister au méchant par la violence, le
Maître les invite à répliquer à sa gifle en tendant l’autre joue. La réaction
ordonnée par Jésus semble, en apparence, aller dans le sens contraire de la
justice. Mais à terme, elle est plus payante. En obligeant l’agresseur à
multiplier les actes violents sans une raison qui les légitime, la victime
touche ce qui a de plus sensible en lui : sa conscience. Face à cette
réaction hors de toute logique, l’assaillant se trouve désarmé. L’aliment qui nourrit
sa violence lui étant refusé, il se retrouve seul coupable face à lui-même et
son péché.
En vue d’illustrer son
enseignement, Jésus évoque deux autres situations. La 1ère concerne
la personne à qui l’on veut faire un procès en vue de le dépouiller d’un bien
vital. « Cette personne veut ta chemise ! Donne-lui encore ton
manteau, conseille Jésus. » Montre-lui, en quelque sorte, où le
conduit sa cupidité. Peut-être sera-t-il si honteux et si gêné de sa démarche,
que de lui-même il en reviendra. La même réponse s’applique à celui qui veut
forcer un autre à quelque chose contre son gré. « Il t’oblige à faire
un kilomètre. Fais-en deux avec lui. » Vainc ton oppresseur en revendiquant ta totale
liberté face à ses exigences. Il sera si ridicule à ses propres yeux qu’il en
sortira confus. Remarquons que Jésus ne prédit pas avec certitude la réussite
de la manœuvre. Il se peut qu’elle échoue. Mais elle a le mérite d’enrayer le
cycle sans fin de la violence et du mal. Si le méchant persévère et refuse de
désarmer, ce n’est plus à l’homme, mais à Dieu, le Juge, qu’il répondra de ses
actes.« C’est à moi qu’appartient la vengeance, c’est moi qui donnerai
à chacun ce qu’il mérite, dit le Seigneur. Mais si ton ennemi a faim, donne-lui
à manger, s’il a soif, donne-lui à boire, car en agissant ainsi, tu amasseras
des charbons ardents sur sa tête : Proverbes
25,21 ; Romains 12,19-20. »
Jésus conclut l’enseignement
qu’il délivre à ses disciples sur ce point par l’énoncé d’un principe, simple à
appliquer : v 42. « Donne à celui
qui te demande ! ordonne-t-il. » Toute demande que l’on nous
adresse sollicite notre engagement. Elle nous oblige à une réponse qui,
inévitablement, va nous coûter. Face à elle, il ne nous faut fermer ni notre
cœur, ni notre main. Le don gratuit est la caractéristique majeure du royaume
de Dieu. Nous témoignons dans ce monde que nous en faisons partie en imitant la
conduite de notre Roi à l’égard de ses sujets. N’est-il pas allé jusqu’à donner
sa vie pour nous ? « Et ne te détourne pas de celui qui veut
emprunter de toi. » Ne fuis pas le service qu’on te réclame. Il se
peut que l’on ne te rende jamais le prêt auquel tu as consenti. Mais là n’est
pas la question ! Le Roi attend de toi que tu sois aussi généreux et
libéral envers les autres qu’il l’a été envers toi ! Peux-tu lui
rembourser un seul bienfait dont il l’a gratifié ? Que Dieu nous donne de
déborder de grâce à sa manière envers nous !
5ème exemple :
l’attitude envers les ennemis : v 43 à 47
Le dernier exemple pris par Jésus
a pour objet de corriger un précepte contradictoire à la loi, enseigné dans
certains cercles juifs. Alors que la loi mosaïque enjoignait d’aimer son
prochain comme soi-même, il était dit au peuple qu’une telle ordonnance ne
s’appliquait pas aux ennemis. Celui-ci ne devait pas être aimé, mais haï. Le
commandement de la loi ne devait être suivi que dans le cas de personnes qui
entretenaient de bonnes relations entre elles. Jésus dément formellement cette
interprétation. Ses disciples sont bel et bien appelés à aimer tous leurs
prochains, bien disposés à leur égard ou non. Si cela paraît impossible à
l’homme naturel, Jésus rappelle aux siens qu’ils sont plus que cela. Ils sont,
comme lui, les fils de leur Père céleste. Ils possèdent une identité et une
nature que les autres n'ont pas. L’affinité divine qui les relie à leur Père a
le pouvoir de les élever au-dessus des contingences charnelles qui emprisonnent
le reste de l’humanité et à réagir envers les méchants comme lui. Chaque jour,
en effet, Dieu fait preuve de bonté envers tous, justes comme injustes. Il
donne à chacun, sans discrimination, eau, nourriture et tout ce qui est
nécessaire à sa subsistance. Le disciple de Jésus n’est pas appelé à vivre ce
qui est ordinaire en ce bas-monde, mais ce qui le dépasse. Il doit se trouver
dans le peuple de Dieu, des attitudes, des comportements, des réactions qui ne
se rencontrent nulle part ailleurs. Or, l’adversité, l’opposition sont le biotope
idéal pour les révéler.
De quelle manière pratique le
disciple de Jésus démontre-t-il qu’il aime son ennemi ? Le texte nous
livre plusieurs recommandations. Il ne doit pas le maudire, mais le bénir[2].
La bénédiction à laquelle il est fait référence est connue des Juifs. Elle est
énoncée explicitement dans la loi : Nombres 6,23 à
26. Il doit se soucier, non de lui faire du mal, mais du bien[3].
Le précepte épouse la logique de l’enseignement précédent. Le but est de
réveiller la conscience de l’ennemi, de le désarmer et de le conduire à changer
d’attitude. Le roi David, à deux reprises, a fait la démonstration de
l’efficacité de cet enseignement face au roi Saül qui voulait sa mort : cf
1 Samuel 24 et 26. Jésus invite aussi les siens
à prier pour leurs persécuteurs. La récompense céleste qui les attend ne leur
sera pas donnée en raison d’actes que les pécheurs sont aussi capables de
faire. Elle couronnera une conduite inspirée par le ciel. Que dans toutes nos
manières d’être, ô Dieu, se dégage auprès de tous, amis comme ennemis, le
parfum de ton royaume.
V 48 :
conclusion de Jésus
La conclusion de Jésus souligne
le but qu’il vise au travers de l’enseignement qu’il vient de donner sur la
loi. Le disciple de Jésus est appelé à tendre vers la perfection, à l’image de
son Père céleste qui est parfait. La loi et ses ordonnances ne sont pas une fin
en soi, mais un guide vers cet objectif. C’est pourquoi, au-delà de leur
formulation, les commandements de la loi sont source d’inspiration pour une
manière d’être et de vivre qui ambitionne l’excellence. La loi n’est pas déconnectée
de la vie nouvelle que nous avons reçue en Christ. Elle nous a été donnée dans
et par le même Esprit. Elle est la lampe qui éclaire notre sentier et nous
guide dans notre marche vers Dieu. Nous ne sommes pas appelés à la rejeter,
mais à l’aimer et à nous en inspirer. Pour qui les respecte, la récompense est
grande : Psaume 19,12.